Qu’une autre science soit possible doit être entendu à la manière d’un cri, non d’une affirmation relevant d’un savoir de type scientifique. Il s’agit, et ce sera l’enjeu de cet exposé, d’un cri qui engage la pensée et l’imagination en un moment où se trouvent mises en crise l’ensemble des raisons de faire confiance en l’avenir. Pour les chercheurs, l’attitude normale aujourd’hui est de tenter de défendre la recherche contre ce qui la corrompt, contre ce qui menace l’avancée des connaissances qui justifie leurs pratiques. Mais n’est-ce pas cette idée d’avancée qu’il faut oser mettre en problème, collectivement, c’est-à-dire politiquement, afin de transmettre, à nos enfants et aux enfants de nos enfants, des savoirs dignes de les aider à vivre dans les ruines ?
Isabelle Stengers est professeure de l’Université de Bruxelles. Ses travaux ont d’abord porté sur le problème de la physique confrontée aux problèmes du temps et de l’irréversibilité, puis sur la question des sciences. Elle développe aujourd’hui une perspective constructiviste et spéculative tant dans les questions scientifiques (L’hypnose entre magie et science, 2002 ; Une autre science est possible !, 2013) que philosophiques (Penser avec Whitehead, 2002) et politiques (Au Temps des Catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, 2008 et, avec Vinciane Despret, Les faiseuses d’histoires : que font les femmes à la pensée ?, 2011). Son dernier livre, Civiliser la modernité ? Whitehead et les ruminations du sens commun (Les presses du réel, 2017), tente, avec l’aide de Whitehead et de Donna Haraway, d’apprendre ce que demande “ vivre et penser ” dans un monde devenu intrinsèquement problématique.
L’Institut d’Études Avancées de Nantes, lieu d’excellence et résidence pour les chercheurs en sciences humaines et sociales venus de tous horizons et réunis afin de penser ensemble le monde, sort de ses murs.
Durant l’année 2017-2018, il co-organise avec le lieu unique, chaque deuxième mardi du mois, une conférence qui traite d’un grand sujet de société et d’actualité ayant une forte dimension internationale. Ainsi sera abordée une pluralité de problématiques comme l’avenir du droit du travail, la technologisation de la société, la crise de la représentation politique ou les grands enjeux géostratégiques.
Chaque séance se déroule de la façon suivante : l’intervenant invité présente un sujet et un chercheur résident de l’IEA est discutant afin de donner un éclairage complémentaire. Ensuite la discussion s’engage avec le public.