Cultures contemporaines
Entrée libre
France
Exposition

SAFARI

L’animal est au cœur d’un étrange paradoxe : pour nous autres humains qui sommes de plus en plus des urbains, l’animal devient de plus en plus présent – via ses différents modes d’apparition – au fur et à mesure que nos liens réels avec la nature s’estompent ; il participe en quelque sorte d’une nature de substitution, d’une “seconde” nature. 

L’attachement envers les bêtes sauvages, qui se manifeste notamment par le développement fulgurant des sociétés de protection des animaux et la sensibilisation extrême au sort de ces derniers, témoigne d’une angoisse justifiée face aux atteintes que subit l’environnement, mais aussi d’un sentiment plus souterrain, celui de la perte du lien secret qui unit l’homme au monde animal, à ses origines ancestrales et biologiques. La surreprésentation de l’animal dans toutes les manifestations culturelles – y compris celles de type publicitaire – semble aller de pair avec la raréfaction programmée de sa présence au milieu de ce que certains ont nommé l’anthropocène. Depuis que l’homme est homme, c’est-à-dire en gros depuis qu’il manifeste une prédisposition pour la conscience – ce que l’on pourrait traduire en équivalent artistique par : depuis qu’il sait tenir un pinceau – l’homme a cherché à représenter l’animal. Premier modèle avéré, ce dernier n’a depuis jamais cessé de lui inspirer une multitude de créations de l’esprit qui sont apparues sous toutes les formes inimaginables : du Phénix de la mythologie persane jusqu’aux souris malignes de Walt Disney en passant par l’incontournable bestiaire des contes de La Fontaine. L’animal s’incarne en l’homme et l’homme lui emprunte ses “qualités” – courage, vélocité, force, ruse, comme un double inséparable lui servant à exprimer l’inexprimable de manière beaucoup plus efficace que n’importe quelle parabole. Depuis que se profile une crise écologique majeure qui menace directement la survie des espèces, ce n’est plus seulement notre rapport “biologique” au monde qui se transforme, c’est aussi un élément majeur au sein de notre système de représentation, celui qui confie à l’animal – via le détour de la personnification – la charge de lui faire porter tout un tas de significations, notamment celle de relier animalité et humanité, d’opposer la sauvagerie à l’aliénation de notre “urbanité” – qui est menacé. Quand notre rapport à l’animal s’amenuise, quand la possibilité de cette proximité de la vie sauvage disparaît, c’est aussi toute une production imaginaire et symbolique qui s’en va avec. Le monde de l’homme s’appauvrit. Comme nous le faisions remarquer plus haut, cette production artistique qui s’alimente depuis l’aube des temps à ce spectacle premier, n’a jamais cessé d’évoluer jusqu’à nos jours où il occupe une place primordiale dans l’imaginaire et l’inspiration des artistes d’aujourd’hui. La fonction artistique de cet animal a certes énormément évolué depuis l’âge d’or de Lascaux, où l’on peut déjà certifier qu’il fut avant tout utilisé pour ses qualités “plastiques”, toujours est-il que ce dernier n’a jamais disparu de la pratique picturale ou sculpturale (voire combien il fut représenté aux âges classiques et modernes) et que récemment des artistes aussi célébrés que Maurizio Cattelan ou Damien Hirst en ont fait le motif majeur de leur production : pour preuves les chevaux du Milanais, les veaux découpés et conservés dans le formol du Londonien. Au-delà de tous les aspects moraux et philosophiques que draine la représentation de l’animal, il s’agit peut-être avant tout pour l’artiste de s’approprier cet inégalable trésor de spectacularité plastique que recèle l’animal.

Patrice Joly, commissaire

En résonance à Safari, une exposition intitulée animaux/animots est organisée par le frac des pays de la Loire, le Musée des Beaux-arts de nantes propose un parcours à travers ses collections sur le thème de l’animal et Zoo Galerie accueille une exposition personnelle d’Émilie Pitoiset.

BIOGRAPHIE DE PATRICE JOLY

Directeur artistique de Zoo galerie www.zoogalerie.fr 
Rédacteur en chef de la revue 02 www.zerodeux.fr 
Commissaire indépendant 1989 Fondation à Nantes de l’association Zoo galerie sur le principe de l’artist run space. 
Création d’événements artistiques dans la ville et d’expositions en galerie. Salarié de l’association depuis cette date. A réalisé au sein du collectif de nombreuses expositions collectives et personnelles dont celles de Pierrick Sorin, Nicolas Floc’h, Marcus Kreiss, Olivier Nottellet, Pierre Ardouvin, Guillaume Janot, Laurent Moriceau, etc… Déménagement de l’association à Delrue, ancienne friche industrielle restaurée (signature d’une convention d’occupation des lieux avec la ville de Nantes) A réalisé dans ce cadre plus d’une vingtaine d’expositions personnelles (Bruno Peinado, Alain Declercq, Nicolas Floc’h, Pierre Ardouvin, Jean-François Moriceau et Petra Mrzyk, Pierre Malphettes, David Évrard, Neal Beggs, Claire Fontaine, Stefan Nikolaev, Bettina Samson) et collectives Demain les chiens (avec Nicolas Moulin, Saàdane Afif, Alain Declercq, Virginie Barré, Stéphane Sautour, etc., 2000) ; Drawing by numbers (Jean-François Moriceau et Petra Mrzyk, Virginie Barré, Bruno Peinado, Pierre Ardouvin, etc., janvier 2001), Le travail c’est la santé, (Laurent Tixador, Ludovic Burel, Régis Perray, etc.) ; Complètement à l’Ouest (en collaboration avec le post-diplôme de l’École des beaux-arts de Nantes), avec Saàdane Afif, Laurent Grasso, Christine Laquet, Michelle Naismith, Douglas Park, Lili Reynaud, Didier Rittener, Kristina Solomoukha (2004) ; Vente à la criée du lot 49 (Saàdane Afif, Sammy Engramer, Michael et Florian Quistrebert, 2005). À collaboré à la réalisation des catalogues d’Alain Declercq, Saàdane Afif, Pascal Poulain, Michelle Naismith, Véronique Rizzo.

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