Réparer les vivants

Emmanuel Noblet

En adaptant le roman de Maylis de Kerangal Réparer les vivants – salué par la critique et récompensé par de nombreux prix littéraires –, Emmanuel Noblet signe une performance d’acteur époustouflante sur un sujet poignant : le don d’organe.

Autour d'un sujet difficile, la générosité du don d'organe et l'aventure intime et collective qu'accompagne cette décision, Maylis de Kérangal réalise un roman d'une impressionnante force narrative. Emmanuel Noblet, connu pour jouer Shakespeare, Racine, Corneille, Marivaux, Garcia-Lorca, Andreïev, Durif, Puig, Slavkine, Lagarce, a été subjugué par la tragédie héroïque de ce sujet de société et par la puissance théâtrale du texte. Pour lui, « Réparer les vivants c’était déjà du Tchekhov, il fallait le transplanter au théâtre aujourd’hui ». Avec cette vibrante adaptation, Emmanuel Noblet réalise une performance physique — voire athlétique — en jouant seul sur scène pendant quatre-vingt minutes. Face au public, l'acteur incarne les différents personnages du roman et réussit à nous embarquer dans cette traversée solitaire dans laquelle le chant va faire irruption pour mieux souligner l'intensité de cette tragédie héroïque. Grâce à son jeu d'acteur élégant et subtil, Emmanuel Noblet réussit avec brio à rendre palpables les émotions des personnages et à nous plonger dans les affres d'un choix cornélien. Les pensées des parents, enregistrées par Alix Poisson pour la mère et Vincent Garanger pour le père, rythment cette course contre la montre et nous impliquent dans ce drame existentiel. La mise en scène épurée et percutante, uniquement troublée par la projection sporadique d'images médicales de l'organe du cœur — héros principal de la pièce — focalise notre attention sur un récit au suspense haletant et à l'énergie débordante. Tout en équilibre, sur la crête des mots, Emmanuel Noblet déroule avec force et souplesse, un récit puissant et envoûtant qui continue de résonner bien longtemps après la représentation.

Réparer les vivants

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