Rencontre avec Jean Birnbaum

à propos de son dernier ouvrage “La Religion des faibles. Ce que le djihadisme dit de nous”

Cette rencontre prend place dans le cadre d’un cycle de conférences et débats proposé depuis 2015 par l’Institut du Pluralisme Religieux et de l’Athéisme (IPRA) et le lieu unique, sur le rôle de la religion et du retour du religieux dans nos sociétés.

« Le croyant est le miroir du croyant », martèle le djihadiste, d’Oussama Ben Laden à Mohamed Merah. Par ces mots, il adresse à l’Occident un défi : toi qui ne me prends jamais au sérieux, contemple-toi dans mon discours, regarde ma foi et vois ce que tu crois.
Alors, faisons face. Observons l’image qu’il nous renvoie, nous qui sommes si réticents à dire « nous », justement, parce que ce serait délimiter une frontière avec « eux ». Mais le djihadiste nous y contraint. « Nous aimons la mort comme vous chérissez la vie », répète-t-il, et en disant « vous » il exhibe un « nous ». Sa violence fait exploser cette question : à quoi tient-il, ce « nous », à quoi tenons-nous ? Y répondre, c’est reconnaître une arrogance qui est aussi une vulnérabilité : nous sommes convaincus d’être au centre du monde, d’incarner l’unique espérance de progrès, la seule modernité possible, bref nous nous pensons universellement désirables.
Or, le djihadisme sème le doute. Sa puissance de séduction révèle la fragilité de « notre » universalisme. Nous voici donc obligés d’envisager autrement les rapports de force passés (l’histoire des colonialismes) et présents (depuis l’affaire Rushdie jusqu’à Charlie). Nous voici également contraints de porter un regard neuf sur la conquête des libertés (démocratiques, sociales, sexuelles…) qui distinguent l’Europe comme civilisation.
Au miroir de sa puissante croyance, nous découvrons ce qu’est devenue la nôtre : la religion des Faibles.

Rencontre modérée par Dominique Avon.

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