Montage : Thierry Fournier
Installation interactive, 2017
The Changing Room est une installation qui parle de notre dépendance croissante à l’intelligence artificielle et de notre rapport aux médias. En entrant dans cet espace ultra connecté, chaque visiteur·se est invité·e à sélectionner parmi 200 émotions celle qui lui correspond le mieux. Suivant un algorithme extrêmement précis – conçu par l’artiste et une équipe de chercheur·ses informaticien·nes, The Changing Room réagit, s’adapte à l’humeur de l’individu qui parcourt les différents espaces, affectant par la même occasion la découverte (et peut-être le ressenti ?) des autres personnes également présentes dans la salle.
Commande de Ogden Contemporary Arts
Webdesign et développement par Surplus+ (Melanie Hoff, Angeline Meitzler, Sam Panter et Dan Taeyoung), avec Wylie Kasai
Conception : Seenahm Suriyasat, Leming Zhong et Sharareh Samangani
Écriture : Clara Leivas
Conception sonore : Kawandeep Virdee
Installation technique : William Peterson et Harvey Moon / MB Labs
Conservation assurée par Venessa Castagnoli, que nous remercions tout particulièrement
Vidéo d’une performance, 0’58
À la fin d’une année 2020 particulièrement difficile, marquée par la distanciation physique et le manque de liens sociaux, Lauren Lee McCarthy a ressenti le besoin urgent de se reconnecter à ses proches. Laissant de côté la prudence imposée par le contexte sanitaire, elle a imaginé la performance Sleepover. Un épisode léger, un peu absurde, durant lequel elle s’invite à dormir le temps d’une nuit chez ses ami·es, sur leur pelouse, sans s’approcher et n’interagissant avec eux·elles que par SMS. Une parenthèse à l’air libre, bien loin du confinement et des écrans, pour prendre conscience de la présence physique de l’autre.
Photographie : David Leonard
Tournage : Gabriel Noguez
Vidéo d’une performance avec dispositif interactif, 2’28
En 2020, à la sortie du confinement mondial lié à la pandémie de Covid 19, Lauren Lee McCarthy s’est sentie complètement déconnectée des autres. Elle crée alors I heard TALKING IS DANGEROUS, un dispositif pour interagir avec autrui tout en respectant les règles de sécurité sanitaire en vigueur (port du masque et distance de 2m entre deux personnes). L’artiste va à la rencontre de ses voisin·es : sur le pas de la porte, masquée, elle amorce le dialogue via l’écran de son téléphone portable et invite toute personne souhaitant poursuivre la conversation à se connecter à une URL. Le programme de synthèse vocale qu’elle a développé prend alors la suite.
Photographie : Kat Kaye
Remerciements à Evelyn Masso, Leah Wardell, Samantha Culp, Joel Kelly, David Leonard, Qianqian Ye et Harvey Moon
Vidéo d’une performance et installation en réseau, 1’49
Dans cettte expérience, Lauren Lee McCarthy utilise son téléphone pour filmer et diffuser en direct sur internet ses rendez-vous avec des personnes approchées sur le site de rencontres OK Cupid. De l’autre côté de l’écran, des inconnu·es, employé·es et rémunéré·es via la plateforme de micro-travail Amazon Mechanical Turk interprètent ce qui se passe et lui indiquent par SMS ce qu’elle doit dire et faire. En détournant le service proposé par Amazon, Lauren Lee McCarthy ouvre la réflexion : nos relations sociales et amoureuses seraient-elles différentes si nous pouvions avoir, en temps réel, un regard extérieur sur la manière dont nous interagissons avec autrui ? Des observateur·ices tiers seraient-il·elles plus à même de nous faire sortir de nos schémas, d’ouvrir de nouvelles perspectives ?
Musique : Eric Gunther
Installation interactive
Épuisée par les appels visioconférences, Lauren Lee McCarthy crée un clone numérique de sa voix pour la remplacer. Cet avatar désincarné, qu’elle manipule à sa guise, lui permet d’évoquer toutes sortes de sujets qu’elle n’a jamais abordés. Avec cette installation interactive, le public peut s’approprier la voix de l’artiste, simplement en répondant à la question posée : « What do you want me to say? » (Que voulez-vous que je dise ?). La réponse est reprise mot pour mot par le double vocal de l’artiste. Cette œuvre aborde la question de la vulnérabilité, de la propriété et de l’authenticité à une époque où la réalité virtuelle ne cesse de s’immiscer dans notre quotidien. Elle invite également à observer la manière dont les assistants virtuels à voix féminine sont perçus et contrôlés par les utilisateur·ices et les développeur·ses, ainsi que la qualité d’écoute de nos interlocuteur·ices, réel·les ou artificiel·les.
Installation et série de six vidéos : Intended Parents (5’16), Hysterical (9’25), Choose a Donor (2’12), Psych eval (1’47), App (2’11), Blood Donation (1’39), HD couleur sonore
Surrogate (“mère porteuse”) est une œuvre qui comprend pour l’instant une série de films, des sculptures, des installations, des publications et une performance en direct. Lauren Lee McCarthy y offre son corps pour un simulacre de grossesse en tant que mère porteuse. Elle propose à des personnes qui souhaitent devenir parents de suivre une grossesse fictive en ayant la possibilité de prendre le contrôle total de son corps, 24h/24, 7j/7, via une application spécialement développée. Ils peuvent ainsi faire valoir leurs choix pour le futur bébé : repas, activités... Avec cette expérience, Lauren Lee McCarthy porte une réflexion sur les questions éthiques liées aux manipulations génétiques, sur la question des droits reproductifs dans le monde et l’autonomie des femmes à disposer de leur corps.
Performance en collaboration avec Dorothy R. Santos
Tournage : Gabriel Noguez
Film Intended Parents réalisé par David Leonard, avec la participation à la prise de vue de Liz Ehlers, Jake Frankenfield et John Szczepaniak.
Intended Parents, avec : Maui Santos et Miguel Cavazos, Howard Cai et Jose Infante, Sam Congdon, Oliver Mason et Sophia Lapaglia, Yasi Salek et Sean Preston, Nathalie Shapiro et Glen Callahan, Catherine Cray et Debra Smalley, Ari Huber et Christine Cabana, Diana Hardy et Antoine Ramsey, Fredrik Bystzof et Karen Bystzof, et Dorothy R. Santos.
Conception de l’application de mère porteuse : Stefanie Tam
Conception et fabrication des prothèses : Paul Esposito
Assistance en studio : Lela Barclay de Tolly, Karina Lopez, Chelly Jin et Wylie Kasai
Voix du film Psych Eval : Jennifer Steinkamp
Avec le soutien de Creative Capital Award, United States Artist Fellowship, MacDowell Fellowship, Sundance Institute New Frontier Story Lab, Sundance Institute Art of Practice Fellowship, Pioneer Works Tech Residency, KW Institute for Contemporary Art et UCLA.
Vidéo d’une installation et performance, 24’40
En s’inspirant du programme Alexa, l’assistant domestique intelligent proposé par Amazon, Lauren Lee McCarthy imagine SOMEONE, sa déclinaison humaine. Pendant deux mois, quatre foyers volontaires dans différentes villes des États-Unis sont équipés de caméras, microphones et autres appareils connectés. Les occupant·es sont invité·es à solliciter “SOMEONE” de la même façon qu’ils·elles interpelleraient un assistant domotique. En parallèle, l’artiste installe un poste de contrôle dans une galerie d’art new-yorkaise. Le public peut suivre le quotidien des quatre maisons, interagir avec les locataires et même prendre le contrôle à distance des appareils connectés. Face à une intelligence artificielle de plus en plus élaborée, Lauren Lee McCarthy pose la question : l’intelligence humaine a-t-elle encore quelque chose à offrir ?
Développement logiciel et matériel : Harvey Moon et Josh Billions.
Conception mobilier en collaboration avec et fabriqué par : Lela Barclay de Tolly
Participants de la maison intelligente : Valeria Haedo, Adelle Lin, Amanda McDonald Crowley et Ksenya Samarskaya.
SOMEONE a été créé avec le soutien d’une bourse Google Focused Research Award et de la Harvestworks New Works Residency.
Vidéo d’une installation et performance, 3’50
Avec l’œuvre LAUREN, prolongement de la performance SOMEONE, Lauren Lee McCarthy incarne une version humaine d’Alexa ou Google Home, les assistants domestiques intelligents. L’artiste installe dans plusieurs foyers volontaires une série d’appareils intelligents conçus spécifiquement (caméras, microphones, interrupteurs, serrures, robinets...). Pendant une semaine, 7j/7, quasiment 24h sur 24h, l’artiste se consacre à la surveillance des foyers, espérant être plus efficace qu’une intelligence artificielle. La performance interroge ainsi le rôle et la plus-value de l’humain dans un avenir qui se tourne de plus en plus vers l’automatisation. LAUREN souligne également l’ambiguïté d’une situation où chacun·e, pour disposer d’un meilleur confort de vie, est prêt·e à laisser une intelligence artificielle s’immiscer dans son intimité.
Film de témoignages et photographie 360° par David Leonard
Avec : Miriam Malabel, Rudolf Wolf, Sean Rowry, Xiuling Leonard, Megan Daalder, Alex Takacs, Kristin Hardin, Jack McCarthy, Mark McCarthy, Stuart Douglas, Jenny Douglas, Delilah Douglas, Ruby Douglas, Missy Douglas et Amber Sharp
Conception et fabrication des objets LAUREN : Nick Rodrigues
Projet soutenu par le programme New Frontier Lab de l’Institut Sundance, avec une subvention de Turner Broadcasting et de UCLA.
Lauren Lee McCarthy et David Leonard · Vidéo d’une installation et performance, 9’04
Aux États-Unis, le vieillissement massif de la population et le manque de moyens pour prendre soin des personnes âgées constituent deux problématiques majeures. Des systèmes d’intelligence artificielle type Amazon Alexa et Google Home semblent contribuer au quotidien au bien-être à domicile des personnes âgées. Pour cette performance, Lauren Lee McCarthy et son équipe incarnent durant une semaine, via un système domotique créé par l’artiste, un assistant de vie virtuel qui intervient à distance dans la maison de Mary Ann, femme âgée de 80 ans. Le film qui documente la performance permet d’apprécier la relation qui se noue au fur et à mesure entre Mary Ann et son assistante virtuelle qu’elle baptise « I.A. Suzie », et souligne que la dimension utilitaire de ces dispositifs occulte parfois les responsabilités humaines qu’ils assument.
Projet partiellement soutenu par le prix Journalism 360 Award Google News Initiative, Knight Foundation et Online News Association, et par une bourse de UCLA.
Que puis-je pour vous ? est la première exposition personnelle en France de l’artiste californienne Lauren Lee McCarthy, qui réunit installations, œuvres interactives et vidéos de performances dans un parcours à grande échelle.
Lauren Lee McCarthy crée des situations où elle prend la place de dispositifs (assistants personnels, intelligences artificielles, voire mère porteuse fictive...) en dialoguant avec leurs utilisateurs·rices et en leur obéissant. En endossant ces rôles, elle fait surgir l’humain là où l’on ne l’attend pas et soulève des questions très universelles sur le soin, l’attention, l’altérité, le contrôle... Ses vidéos sont pour la plupart l’enregistrement de performances, dans lesquelles l’artiste implique le public et se met en jeu elle-même.
Par exemple, avec l’œuvre LAUREN, l’artiste invite des personnes à installer chez elles un assistant personnel comme Alexa ou Google Home, à la différence qu’il ne s’agit pas d’un logiciel mais de l’artiste elle-même, présente à distance et parlant par une voix de synthèse. Elle veille sur elles et eux, règle le chauffage, les conseille sur leur coupe de cheveux, répond à toute question... Dans I.A. Suzie, le même dispositif est installé chez une personne âgée, avec laquelle elle échange quotidiennement et l’assiste pour ses gestes de santé, ce qui ouvre une dimension assez vertigineuse sur la solitude et la responsabilité. L’installation monumentale The Changing Room confronte quant à elle le public à un environnement entièrement réglé sur ses émotions : textes, sons, lumières...
On peut certes voir dans ces œuvres la critique d’une culture techniciste, cependant Lauren Lee McCarthy revendique de proposer aussi une connexion positive avec les autres. Dans ce sens, sa démarche interroge constamment la manière dont notre comportement et nos relations sociales sont transformées par la technologie.
Le choix des œuvres pour cette exposition vise à mettre en évidence les nombreux échos entre les installations, performances, vidéos. La scénographie déploie et amplifie l’esthétique domestique de l’artiste dans un parcours non linéaire, comme si l’architecture du Lieu Unique se transformait en studio de cinéma ou en grand magasin d’ameublement : chaque œuvre est déployée dans un espace global qui la relie à toutes les autres. L’ensemble de l’exposition dessine ainsi un espace de fiction, où se rejouent en permanence les frontières critiques entre technologie et humanité, intimité et vie publique.
Thierry Fournier, commissaire et scénographe de l’exposition
Lauren Lee McCarthy Lauren Lee McCarthy vit et travaille à Los Angeles. Dans ses travaux, elle met en question les relations sociales et la façon dont elles se déploient dans un monde d’automatisation, de surveillance et de vie algorithmique.
Sa pratique emploie de nombreux médiums, notamment numériques : internet, cinéma, photographie et installations, qui invitent souvent le spectateur à interagir et l’incitent à considérer sa relation aux systèmes qui régissent nos vies.
Lauren Lee McCarthy est la créatrice de p5.js, une plateforme d’art et d’éducation open-source initiée lorsque l’artiste était, de 2015 à 2021, membre du conseil d’administration de la Processing Foundation, dont la mission est de servir ceux·celles qui n’ont pas accès aux domaines de la technologie, du code et de l’art dans leur apprentissage. Elle est également professeur à l’UCLA Design Media Arts.
Lauren Lee McCarthy a obtenu des bourses et des résidences de Creative Capital, United States Artists, LACMA, Sundance, Eyebeam, Pioneer Works, Autodesk et Ars Electronica. Son œuvre SOMEONE a reçu le Golden Nica d’Ars Electronica et le Japan Media Arts Social Impact Award, et son œuvre LAUREN a reçu l’IDFA Award for Immersive NonFiction. Ses œuvres ont été exposées à l’échelle internationale, dans des lieux tels que le Barbican Centre (Royaume-Uni), le Fotomuseum Winterthur (Suisse), le Seoul Museum of Art (Corée du Sud), le Chronus Art Center (Chine), le SIGGRAPH (Etats-Unis), le Onassis Cultural Center (Grèce) et le Japan Media Arts Festival.
Thierry Fournier (commissaire de l'exposition) Thierry Fournier est artiste, curateur, auteur, diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon. Sa pratique artistique aborde les questions d’altérité, de coprésence, de socialité, à travers de nombreux médiums souvent numériques. Sa démarche de curateur aborde des questions similaires, à l’échelle collective. Expositions récentes : This Land Is Your Land (Château de Goutelas 2022), Selphish (Mécènes du Sud Montpellier-Sète 2020), Collection Artem (Ensad Nancy, création de la première collection publique française en école d’art, 2015-2020), etc. Il enseigne aujourd’hui à Sciences Po Paris (atelier d’art contemporain L’Exercice du regard).
Thierry Fournier avait déjà exposé le travail de Lauren Lee McCarthy dans le cadre de l’exposition Selphish dont il était co-curateur avec Pau Waelder à Mécènes du Sud MontpellierSète, et présenté ses œuvres dans la revue en ligne antiatlas-journal.net.
Commissaire, scénographe et traduction française : Thierry Fournier
Production : Le Lieu Unique, scène nationale de Nantes
Collaborateurs artistiques : Wylie Kasai, assistant du studio de Lauren Lee McCarthy et Thomas Gendre, assistant de Thierry Fournier et création 3D