Cultures contemporaines
entrée libre
France
Exposition

Léviathan et ses fantômes

Véréna Paravel </br>et Lucien Castaing-Taylor

JUSQU'AU 25 SEPTEMBRE MAR>SAM 14H-19H DIM 15H-19H FERMETURE EXCEPTIONNELLE DE L'EXPOSITION JEUDI 15 SEPTEMBRE

Léviathan et ses fantômes invite à une plongée audiovisuelle dans la mer et l’océan, inépuisables étendues matricielles, appréhendées ici par le biais de la pêche industrielle.
L’humanité est hantée par la mer. Elle est un seuil entre la vie et la mort, le dessus et le dessous, le liquide et l’aérien. Elle purifie, elle est polluée. Elle évoque le temps des explorations romanesques, mais aussi la perte et la mort, le deuil et la mélancolie. Aucun travail d’inscription, de mesure ou de cartographie n’a pu la domestiquer. Les profondeurs sont troublantes. Reservoirs sans fin de mythes, d’histoires de marins et de sirènes, de créatures aussi monstrueuses qu’angéliques. Leviathan et ses fantômes est un projet conçu après une année passée en haute mer, dans l’Atlantique Nord. Composé d’installations de vidéos, de son et d’images numériques, il consiste en différents portraits physiques et cosmiques du monde océanique. Il évoque les résonances mythologiques des profondeurs, et nous invite à considérer les différentes dimensions spirituelles, politiques, sensorielles et écologiques des relations que l’humanité entretient avec la mer. Ce projet est une archéologie de l’océan et une archéologie des images. Il entrouvre le tombeau des utopies perdues, des épaves, des marins noyés, des détritus dérivants. Leviathan et ses fantômes évoque ainsi la complexité de notre relation à la mer, et surtout l’Atlantique, dans lequel se chevauchent les voies anciennes et nouvelles de la colonisation, de l’esclavage, des guerres, du commerce maritime ; et nous rappelle qu’avec la pêche industrielle, le réchauffement de la planète, les pluies acides, le rejet des déchets, la mer, matrice du vivant, indissociable de notre passé, est aussi inséparable de notre futur, et peut-être même de notre post-histoire.

Interview de Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel

Léviathan et ses fantômes invite à une plongée audiovisuelle dans la mer et l’océan, inépuisables étendues matricielles, appréhendées ici par le biais de la pêche industrielle. Concepteurs de cette exposition de grande ampleur, Lucien Castaing-Taylor et Véréna Paravel nous décrivent sa genèse et son contenu. Comment le projet a-t-il émergé et vers quels rivages esthétiques s’est-il dirigé ? Nous avons tous les deux une formation d’anthropologue et nos travaux résultent toujours de mois passés sur le terrain à faire ce que l’on appelle de « l’observation participante ». Ce projet est ainsi né de deux ans de recherche en haute mer avec des pêcheurs de Nouvelle-Angleterre, durant lesquelles nous avons exploré le rapport complexe des hommes avec l’océan. Comme Melville dans Moby Dick, nous sommes partis du port de New Bedford, ancienne capitale mondiale de la chasse à la baleine. En décrivant le travail de la pêche industrielle, nous nous inscrivons inévitablement dans le sillage d’images photographiques et cinématographiques (Octavius Hill, Adamson, Flaherty, Grierson…). Nous résistons cependant à l’idéalisation romantique et à l’anthropocentrisme de cette tradition, cherchant à établir une relation moins sentimentale entre mondes humain et marin. Nos représentations ont plus d’affinités avec la peinture (Goya, Turner, Bruegel) et La Bible, bien sûr, qu’avec le cinéma _ L’exposition se compose de quatre segments, que vous présentez comme des « portraits méta/physiques du monde océanique ». Nous avons d’abord fait Jugement dernier, vision apocalyptique du mélange vertigineux de la mer et du ciel, un travail de dimension cosmologique et spirituelle. Puis nous avons fait Léviathan, film dans lequel nous cherchons à représenter l’humanité de façon humble, oscillant entre intimité anthropocentrique et étrangeté extraterrestre. Pendant le montage, nous avons découvert des images cachées dans le corps du film, impossibles à voir lorsque le film défile à vitesse normale. Une fois le film achevé, nous en avons extrait 646 images que nous appelons des Esprits, car ce sont des apparitions (soldats, marins, guerriers, esclaves, monstres, squelettes, démons…) qui nous renvoient non seulement à une archéologie de l’océan mais aussi à une archéologie de l’image. Ces images fournissent la matière d’une installation baptisée Spirits Still. Dans une autre installation, He Maketh a Path to Shine After Him ; One Would Think the Deep to Be Hoary, nous projetons silencieusement des images sousmarines à 1/50 de la vitesse à laquelle elles ont été enregistrées, révélant un univers au seuil de la perception humaine. _ De quelle façon l’exposition va-t-elle s’ancrer dans l’espace du lieu unique ? Chaque partie requiert une attention particulière. Léviathan est un assaut pour les sens. Il évoque l’expérience viscérale d’être là. Il sera présenté dans le grand atelier, fait de matériaux provenant d’un cimetière marin. La cour, elle, accompagne parfaitement la dimension transcendantale du Jugement dernier. À l’étage, les deux installations, qui demandent un rapport plus intime aux images, visibles uniquement parce qu’elles ont été extraites de la matière du film ou ralenties. Au-delà du lieu unique, ce projet résonne avec toute l’histoire de Nantes, qui fut le plus grand port esclavagiste jusqu’en 1780. Interview menée par Jérôme Provencal A lire aussi : “Léviathan, chalut la compagnie” de Next Libération L’exposition est intégrée au Voyage à Nantes (du 1er juillet au 28 août 2016), à Nantes Digital Week (du 15 au 25 septembre 2016) et au festival Scopitone (du 21 au 25 septembre 2016).
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