Cultures contemporaines
env. 2h
12 -22 euros
France

La Cerisaie

• tg STAN d’après Tchekhov Le collectif flamand tg STAN retrouve le chemin de Nantes où l’on se souvient encore de leur théâtre anti dogmatique et résolument tourné vers l’acteur. Après Oncle Vania, Ivanov, Les Trois Soeurs, Point Blank (Platonov) et Une demande en mariage, tg STAN continue d’explorer l’œuvre de Tchekhov en s’attaquant avec voracité à La Cerisaie.
Alors que leur répertoire s’étend de Büchner à Ibsen, en passant par Bernhard ou Handke, tg STAN n’en finit pas de s’intéresser à l’œuvre de Tchekhov et décide de s’attaquer aujourd’hui à son dernier texte, La Cerisaie, considéré par beaucoup comme parfaite « anti-pièce ». Ici, pas de médecin, pas d’intellectuel rêveur se lamentant sur sa vie dissipée, pas de triangle amoureux, et le seul qui brandit une arme est Epikhodov, l’éternel maladroit. Les monologues sont plutôt ridicules – déplacés, en fait –, les personnages sont légèrement ratés ou tout simplement étourdis. Le temps présent existe à peine, il est étouffé entre une préférence nostalgique et romantique pour le passé et une aspiration fragile à un futur incertain. Peu importe sous quel angle on considère La Cerisaie, la pièce reste une énigme. Elle est inquiétante, insaisissable et exerce de ce fait depuis cent onze ans déjà un attrait quasiment fatal sur les comédiens et les metteurs en scène. À n’en pas douter, le travail théâtral de tg STAN va faire de cette Cerisaie une version immanquable.

Avec : Evelien Bosmans, Evgenia Brendes, Robby Cleiren, Jolente De Keersmaeker, Lukas De Wolf, Bert Haelvoet, Minke Kruyver, Scarlet Tummers, Rosa van Leeuwen, Stijn Van Opstal et Frank Vercruyssen interview de Frank Vercuyssen TG Stan a déjà joué plusieurs pièces d'Anton Tchekhov, qu'est-ce qui vous intéresse chez cet auteur? Sa connaissance de l'humanité et sa capacité à transformer celle-ci en mots, qui font qu'on peut, grâce à lui, se connaître mieux, s'apprécier mieux, et aussi se mépriser mieux. C'est pour moi un révolutionnaire moral, parce qu'il regarde les êtres humains avec compassion, sans jugement ; c'est assez inouï à son époque. Il y a d'autres grands auteurs comme lui : Racine, Schnitzler, Molière, Strindberg ou Ibsen. Ces gens-là sont essentiels et il faut les garder parmi nous en les mettant en scène de façon humble et audacieuse. Vous êtes un collectif, sans metteur en scène. Comment créez-vous ensemble ? Nous travaillons longuement autour de la table, en traduisant la pièce ensemble et en en parlant. On envisage des choses mais on n'essaie rien sur le plateau, parce qu'on ne fait pas semblant qu'il y a un spectacle alors qu'il n'y a pas de public. Pour La Cerisaie, comme nous sommes 10, nous avons quand même pris dix jours pour le travail chorégraphique et scénographique. Mais la manière dont on va dire les phrases et agir en présence du public revient à chacun. Pour les autres aspects du spectacle, chacun d'entre nous a un peu ses passions. Certains s'intéressent beaucoup aux meubles, d'autres à la musique, il y en a qui acceptent leurs propositions parce qu'ils n'ont pas vraiment d'opinion, d'autres au contraire qui donnent beaucoup leur avis... Mais nous partageons tous une passion pour le travail du texte, autour de la table, avec toutes les traductions (français, anglais, allemand, flamand) pour trouver le mot juste, créer notre propre traduction, en flamand d'abord et maintenant en français. Après ce processus il y a une connaissance partagée assez importante, qui nous amène de fait à aborder la dramaturgie du personnage. Les personnages de La Cerisaie sont un peu... étranges... Très. Cette pièce est très énigmatique, et on en découvre au fur et à mesure les possibilités. C'est très vertigineux pour le comédien. Tu te dis : « Maintenant je dois rire mais deux phrases après je boude, et là je fais une blague et là je suis fâché... Comment tu veux que je fasse ça ? » Il faut se débrouiller avec ce n'importe quoi, ces choix qu'il ne fait pas... Tchekhov coupe toute sentimentalité après deux phrases, il change d'attaque très souvent. D'abord tu te demandes pourquoi et puis tu te rends compte qu'il évite ainsi la nostalgie, la mélancolie qui feraient de cette pièce une tragédie mélodramatique. C'est une œuvre de génie, mais c'est très déroutant. Comment incluez-vous le public dans le jeu ? On n'a pas besoin de l'inclure : il est là. On ne le nie pas, c'est tout. Et ça dépend du spectacle. Ici par exemple des personnages font des monologues et les autres ne semblent pas réagir, donc peut-être que Tchekhov voulait qu’ils parlent au public ? Le public est un partenaire essentiel. Il communique tout le temps avec vous. Nous on est là pour agir et écouter. Propos de Frank Vercuyssen, recueillis par Pascaline Vallée
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