Cultures contemporaines
2h40
12 -22 euros
France

L’Avare

• Ludovic Lagarde Ceux et celles qui ont vu au lieu unique, Retour définitif et durable de l’être aimé (2003), Fairy Queen (2005), Richard III (2007) et/ou Un nid pour quoi faire (2010) de Ludovic Lagarde se souviennent encore de ces spectacles. Aujourd’hui, le metteur en scène et directeur de la Comédie de Reims s’attaque pour la première fois à un classique français, et non des moindres, L’Avare de Molière avec le fabuleux Laurent Poitrenaux dans le rôle d’Harpagon.
Harpagon a du pain sur la planche : enterrer son trésor dans le jardin, épouser la toute jeune Mariane, imposer sa loi à ses enfants, nouer et dénouer des intrigues domestiques, organiser un banquet au rabais. Quelle activité pour ce grand économe ! Mais c’est pour mieux conserver sa manie. Voilà son seul trésor. Pour la protéger à tout prix, il persévère dans son être ; il se dépense jusqu’à la ruine. Et ne préserve rien d’autre que son magot. Tout peut y être sacrifié. On assiste sidéré à cette destruction. Il n’y a pas d’issue ; l’argent est enterré et le manque précipite toute cette petite société dans une urgence panique. Molière nous montre la vie nue. Le comique, au lieu d’éviter le pire, aggrave encore plus profondément ce portrait tragique. Cette pièce culte a été jouée plus de deux mille fois par la Comédie-Française depuis 1680, on la connaît aussi interprétée par de Funès quatre siècles plus tard. Elle est bien sûr plus que jamais d’actualité ; la scène de l’argent caché se rejoue éternellement et chaque fois plus durement. Mais la pièce de Molière ne propose aucune philosophie de l’économie qu’il s’agirait d’adapter. Il faut à chaque fois réécouter ce texte, incarné par de nouveaux acteurs, sans perruques ni chandeliers, pour retraverser cette extraordinaire étude de la bêtise humaine. Faire réentendre ces cris, ces pulsions, cette inhumanité. Ludovic Lagarde réunit, pour cette reprise d’un grand classique, les comédiennes et comédiens du Nouveau collectif de la Comédie autour de Laurent Poitrenaux, Christèle Tual et Julien Storini.  ► (Ré)écouter l'émission "L'humeur vagabonde" sur Ludovic Lagarde, le 6 ocobre 2014 sur France Inter

Avec : Marion Barché, Myrtille Bordier, Denis Dongois, Louise Dupuis, Alexandre Pallu, Laurent Poitrenaux, Tom Politano, Julien Storini, Christèle Tual. Musique : Yuksek
interview de Ludovic Lagarde Metteur en scène étroitement lié au théâtre contemporain, Ludovic Lagarde – par ailleurs directeur de la Comédie de Reims – s’empare aujourd’hui de L’Avare, joyau du répertoire classique, avec Laurent Poitrenaux dans le rôle d’Harpagon. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller vers Molière et pourquoi avez-vous jeté votre dévolu sur L’Avare ? Cela s’est fait de façon assez pragmatique, pour deux raisons principales : d’une part, j’avais envie d’ouvrir la nouvelle saison de la Comédie de Reims avec Laurent Poitrenaux et les acteurs du nouveau collectif de la Comédie, et, d’autre part, il est préférable d’entamer la saison avec un grand texte du répertoire. J’ai donc parcouru intensivement le répertoire pendant des mois, relisant notamment beaucoup Marivaux, que je n’ai encore jamais monté. Et puis, lors d’une tournée, je suis tombé par hasard dans une librairie sur un exemplaire de L’Avare. Je connaissais bien sûr la pièce, mais je ne l’avais jamais lue. J’ai ouvert le livre et j’ai tout de suite eu un petit choc en découvrant cette écriture, en prose, très belle et très concrète. Dans un deuxième temps, me penchant plus attentivement sur le texte, j’ai été captivé par deux points essentiels : l’argent, évidemment, et les enfants, confrontés à la nécessité, vitale dans notre monde, d’avoir de l’argent, c’està- dire aussi confrontés au manque d’argent. En outre, j’ai vu en Harpagon un rôle magnifique pour Laurent Poitrenaux, comédien à la fois virtuose et profond, qui possède une palette de jeu très large, parfaitement adaptée au personnage. _ Juste avant L’Avare, vous avez monté Quai Ouest. Comment passe-t-on de Koltès à Molière ? Ou, pour le dire autrement, en quoi le théâtre de Molière en général et L’Avare en particulier sont-ils contemporains ? J’ai très vite eu l’intuition que l’on pouvait monter cette pièce aujourd’hui, car je trouve qu’elle a quelque chose de très moderne, voire d’avant-gardiste. En la lisant, j’ai notamment beaucoup pensé à Balzac. Cette modernité tient aux thèmes du texte mais aussi à son style. Ce n’est pas du tout une oeuvre baroque, emberlificotée, mais au contraire une pièce très simple et directe. Entre Quai Ouest et L’Avare, et ce n’est pas tiré par les cheveux, on peut trouver des passerelles, au niveau du thème principal – l’emprise de l’argent sur le monde – aussi bien que de l’écriture – nourrie de références classiques chez Koltès et pleine de modernité chez Molière. J’ai monté Koltès en pensant au théâtre classique et j’ai monté Molière en pensant au théâtre contemporain. De surcroît, l’avarice me semble une thématique totalement actuelle, dans la mesure où, aujourd’hui, l’abondance n’existe qu’en apparence, la richesse étant en réalité très peu redistribuée. _ S’agissant de la mise en scène, tendez-vous vers la dépense et le don ou plutôt vers l’économie et l’épargne ? Voyant dans Harpagon la figure archétypale du marchand, capable de tout vendre, et dans la pièce une parabole de notre monde, j’ai imaginé avec mon scénographe, Antoine Vasseur, un décor dans lequel la marchandise abonde et ne cesse de circuler, tandis que l’argent reste invisible. Sur le plan de la tonalité, j’ai tâché de mettre en relief l’ambivalence de la pièce, qui est à la fois très drôle et très cruelle, d’une grande noirceur, en faisant résonner la langue si puissante de Molière le plus simplement possible, sans déclamations ni artifices. Interview menée par Jérôme Provencal
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