Quelques jours après l’incontournable battle, le lieu unique accueille un spectacle de Heddy Maalem, directement inspiré du krump. Cette danse hip-hop anime les cinq interprètes d’une force tellurique, entre violence et grâce.
Dans chaque ville où la danse hip-hop se répand, elle semble prendre une couleur différente. Au centre du krump, né dans la communauté afro-américaine des bas quartiers de Los Angeles dans les années 1990, se trouve le battle, affrontement tout artistique. Alternative à la violence des rues, le krump véhicule une seule forme de rage, celle de vivre. Elle passe par le corps des danseurs, en ce que Heddy Maalem décrit comme « une danse du dedans, authentiquement spirituelle, faite pour débusquer des monstres et dire l’inarticulé des paroles rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier ». Vu à l’écran dans Rize, film documentaire de David LaChapelle, ou dans des clips comme ceux de The Black Eyed Peas, le krump reste encore éloigné du hip-hop commercial. Éloge du puissant royaume, dont le titre fait référence à la traduction de « Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise », groupe de mots qui a donné l’acronyme de krump, est traversé par la spontanéité qu’a su garder cette danse. Sa force tellurique a inspiré à Heddy Maalem un spectacle dans lequel les cinq danseurs évoluent sur des musiques qui nous emmènent bien loin des rythmes industrialisés. Bach, Xenakis, Philip Glass, Arvo Pärt, David Lynch et John Neff, ou encore la planante violoncelliste islandaise Hildur Guðnadóttir font ici la partition.