Caravaggio joue « L’amour est un crime parfait »

Le groupe Caravaggio a collaboré avec les frères Larrieu pour composer la musique de L’Amour est un crime parfait (2014) – thriller fantasmagorique réalisé d’après le roman Incidences de Philippe Djian. Ensemble ils prolongent l’aventure sur scène en proposant une expérience musicale et cinématographique, aussi inédite que passionnante, qui offre un nouveau regard sur le film.

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La musique de Caravaggio fait honneur au peintre à qui cette formation a emprunté
le nom. Constitué de quatre franc-tireurs de la scène musicale française – Bruno Chevillon, Samuel Sighicelli, Benjamin de la Fuente et Eric Champard -, Caravaggio est un groupe de virtuoses, rassemblés autour d’une même envie de grands horizons musicaux. Leur production, très cinématographique, fait autant référence à l’univers de David Lynch qu’aux épopées lyrique de GodSpeed You Black Emperor.
Les frères Larrieu, auteurs d’une des œuvres les plus singulière et excitante du cinéma français, ont eut la belle idée de leur commander la bande originale de lL’amour est un crime parfait, leur cinquième film qui rassemble Matthieu Amalric, Karine Viard, Maiwenn et Denis Podalydes.
A l’invitation du festival pyrénéen Jazz à Luz, les frères Larrieu ont proposé à Caravaggio de monter sur scène pour un ciné-concert novateur. Ici, les deux réalisateurs manipulent leur film en direct, intervenant sur le son et les dialogues et jouant avec la matière sonore produite en live par Caravaggio, proposant ainsi un nouveau regard sur le film et une autre manière de proposer du cinéma aux spectateurs…

http://caravaggiomusic.com/


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Bruno Chevillon : basse, contrebasse, électronique
Eric Echampard : batterie, percussions
Benjamin de la Fuente : violon, guitare électrique tenor, mandocaster, électronique
Samuel Sighicelli : orgue Hammond, synthétiseur, sampler, Fender Rhodes
Max Bruckert : son
Avec la collaboration d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, réalisateurs du film.

Générique :
Créé le 11 juillet 2014 au Festival Jazz à Luz Saint Sauveur
Production déléguée, Sphota, coopérative d’invention musicale
Coproduction, Festival d’altitude Jazz à Luz.
Sphota est soutenue par la DRAC Ile de France, la Région Ile de France et la SACEM.
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<div « = » »>interview d’Arnaud et Jean- Marie Larrieu
et de Samuel Sighicelli

Dernier film en date des frères Larrieu, dont la musique originale est signée de l’intrépide groupe Caravaggio, L’amour est un crime parfait se transforme à présent en ciné-concert permettant au groupe de jouer au maximum avec les images et la bande-son. Explications par Arnaud et Jean- Marie Larrieu, et Samuel Sighicelli, l’un des membres de Caravaggio.

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D’où est venue l’idée de prolonger votre collaboration sur L’amour est un crime parfait par le biais d’un ciné-concert ?
Arnaud & Jean-Marie Larrieu : L’idée a jailli spontanément dans la foulée du film. Voir Caravaggio enregistrer la musique, avec des images du film, a sans doute été le déclic. Par ailleurs, nous avons vu le groupe en concert, et l’énergie qu’il dégageait nous a beaucoup plu. Le projet est né aussi d’une frustration, consécutive au fait d’avoir dû écarter une partie de la musique pour respecter la continuité dramaturgique du film. Du coup, nous avons eu envie de ne pas en rester là et de creuser plus en profondeur les rapports entre musique et cinéma. Très vite, nous avons décidé de laisser aux membres du groupe une liberté maximale en ouvrant totalement le film à la musique.
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De quelle façon avez-vous travaillé sur le ciné-concert ?
A. & J-M. : Il y a d’abord eu un travail préalable effectué sur la bandeson pour en ôter toutes les parties musicales de manière à n’avoir plus que les dialogues et les sons. Une copie a même été spécialement tirée pour l’événement.
Samuel Sighicelli : De notre côté, au début, nous étions un peu hésitants. Bien sûr, nous étions très touchés par la proposition – car nous confier ainsi le film constitue une sacrée preuve de confiance de leur part – mais nous avions peur de nuire à l’intégrité du film. Même si Arnaud et Jean-Marie nous laissaient toute latitude, nous tenions notamment à respecter la narration pour ne pas nous perdre dans une forme d’accompagnement d’images sans cohérence. Nous avons donc commencé à faire des essais, par exemple en coupant le son sur certaines scènes, et nous nous sommes rendu compte qu’il était possible de supprimer des bouts de dialogue, parfois assez longs, et qu’il y avait par conséquent de la place pour faire de la musique. Nous avons créé une musique entièrement différente, à partir d’éléments présents sur la bande son, complètement transformés, et d’autres éléments, certains provenant des séances d’enregistrement de la musique du film mais n’ayant pas été intégrés dans la bande-son.

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La musique jouée d’un ciné-concert à l’autre évolue-t-elle beaucoup ? Quelle est la place de l’improvisation ?
Samuel Sighicelli: : Elle a évolué entre le premier (en juillet 2014, au festival Jazz à Luz) et le deuxième (à l’Auditorium du Louvre, en janvier dernier), parce que le premier avait été fait assez dans l’urgence et que nous avons pu ensuite retravailler plus calmement certaines parties. Il s’agit de petites retouches, au niveau de la musique live ou du mix de la bande-son, qui ne changent pas fondamentalement l’ensemble. Pour ce qui est de l’interprétation, le film impose une partition très précise, et, s’il y a de l’improvisation, cela tient avant tout au fait qu’il s’agit d’une musique de tradition orale (avec très peu de choses écrites). Du coup, ce n’est jamais complètement fixé comme lorsque nous jouons en concert.
A. & J-M. : À terme, nous aimerions beaucoup pouvoir accroître la puissance du mix de la bande-son pour intensifier l’interaction avec la musique jouée en live par le groupe.

Interview menée par Jérôme Provencal
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