Questions de société

Conférences, tables rondes...

Dans un monde qui nous apparaît de plus en plus complexe, souvent bouleversé par le progrès technique, la mondialisation, les violences diverses, les sciences humaines et sociales nous offrent la possibilité de rendre plus intelligibles les grandes questions de société. Philosophes, sociologues, historiens, juristes, politologues… nous accompagnent pour enrichir notre pensée, ouvrir le débat grâce à une multiplicité de points de vue et nous aident à trouver du sens au monde qui nous entoure.

 

Premier programme : les mardis de l’IEAoLU

L’Institut d’Études Avancées de Nantes, lieu d’excellence et résidence pour les chercheurs en sciences humaines et sociales venus de tous horizons et réunis afin de penser ensemble le monde, sort de ses murs. Durant l’année 2016-2017, il co-organise avec le lieu unique, chaque deuxième mardi du mois, une conférence avec un intervenant de renom, ouverte au public. Chaque conférence traite, en français, d’un grand sujet de société et d’actualité ayant une forte dimension internationale. Ainsi sera abordée une pluralité de problématiques comme le devenir du travail, les crises économiques et financières, la crise de la représentation politique, l’avenir de l’Europe, les situations de la Chine et du Moyen-Orient, la technologisation de la société ou le changement climatique. Chaque séance se déroule de la façon suivante : l’intervenant invité présente un sujet suivi d’une prise de parole par un chercheur résident de l’IEA, afin de donner un éclairage complémentaire.
Ensuite, la discussion s’engage avec le public.

Orientalisme et occidentalisme : comparatisme et temporalité. De la grande divergence à la grande convergenceConférence de Henry Laurens, historien, professeur au Collège de France,
chaire « Histoire contemporaine du monde arabe »
L’orientalisme et l’occidentalisme, c’est-à-dire les savoirs sur la société de l’autre se sont développés en parallèle, permettant de créer des comparaisons qui, dans certains cas, deviennent des actions. Pris dans la temporalité longue de la grande divergence du XVIIIe où l’Europe se sépare des autres sociétés à la grande convergence actuelle, différentes attitudes contradictoires se succèdent pour aboutir à un conflit des identités à un moment où en réalité le narcissisme de la petite différence dissimule une très probable dissolution de l’exogène.

— MARDI 10 JANVIER À 18H / ENTRÉE LIBRE

 

L’informatique change le monde, et voici pourquoi
Conférence de Gérard Berry, professeur au Collège de France,
chaire « Algorithmes, machines et langages »

Jusqu’à la moitié du XXe siècle, le monde a été dominé par trois entités, la matière, l’énergie et les ondes. Toute la révolution industrielle a ainsi été fondée sur l’utilisation de la matière et l’énergie. Puis sont venues les ondes. Cela a permis un essor fantastique des communications. Puis au milieu du XXe siècle est arrivée l’information. Désormais, alors que l’algorithme devient incontournable et le numérique omniprésent, le monde vit une nouvelle révolution accompagnée de ses clichés qu’il faut dépasser.

— MARDI 7 FÉVRIER À 18H / ENTRÉE LIBRE

 

Lampedusa : corps, images et narrations de l’immigration
Conférence de Guido Nicolosi, sociologue à l’Université de Catane (Italie)

Lampedusa, une petite île italienne du Pélagie, en Sicile. Langue de terre africaine dans le « territoire » italien, à la dérive en Méditerranée, elle offre toutes les contradictions et les paradoxes d’une imagerie symbolique et d’une pratique politique européenne. Le 3 octobre 2013, lorsqu’un bateau de pêche d’une longueur d’environ 20 mètres, ayant levé l’ancre de Misurata, en Libye et rempli d’immigrés provenant de différents pays africains, coule à environ un demi mille de ses plages blanches, l’île devient le symbole international d’une tragédie humaine qui pendant des décennies a ensanglanté toutes les « frontières » du continent. Elle devient également le symbole d’une crise politique aux conséquences potentiellement dévastatrices pour le rêve unitaire et transnational européen.

— MARDI 14 MARS À 18H / ENTRÉE LIBRE

 

Les affects de la politique
Conférence de Frédéric Lordon, sociologue et économiste, directeur
de recherche au CNRS, chercheur au Centre de Sociologie européenne

Frédéric Lordon propose de restaurer la considération des affects dans les sciences sociales. Les affects sont à la fois des effets des structures sociales, qu’ils reproduisent ou subvertissent. On peut prendre au sérieux les affects individuels sans pour autant renoncer à l’étude des structures sociales. Les affects sont à comprendre comme un effet, sur les individus, des structures sociales, qu’ils reproduisent ou subvertissent celles-ci. La prise en compte des affects singuliers et collectifs permet ainsi, en réintroduisant la contingence dans la vie des institutions, d’articuler la structure et l’histoire. Ainsi les capitalismes pré-fordien, fordiste et néo-libéral ont chacun mis en place un régime de désirs et d’affects. Chaque stade du capitalisme est inséparable d’un imaginaire, qui ne cesse de se renouveler, celui de la réalisation de soi prenant le pas, aujourd’hui, sur celui de la marchandise. Frédéric Lordon abordera les problématiques du politique, de la nation et de l’internationalisme du point de vue des affects.

— MARDI 4 AVRIL À 18H / ENTRÉE LIBRE
Comment penser la liberté ?
Conférence de Michèle Riot-Sarcey, professeure émérite d’histoire
contemporaine et d’histoire du genre à l’Université Paris-VIII-Saint-Denis
et historienne du politique et du féminisme.

Il s’agit de trouver les traces des utopies d’hier afin de rendre concret le sens des idées tombées dans l’oubli ou perverties par l’usage instrumental dont elles ont fait l’objet. Dans son dernier ouvrage Le Procès de la liberté, Michèle Riot-Sarcey fait revivre les idées de liberté surgies au cours des expériences ouvrières et des révolutions sociales du XIXe siècle français. Des idées largement oubliées depuis : minoritaires et utopiques, incomprises à leur époque, elles ont été maltraitées par l’histoire devenue canonique. Leur actualité s’impose pourtant aujourd’hui, à l’heure où l’idée de liberté individuelle a été dissociée de la liberté collective et réduite au libéralisme et à l’individualisme.

— MARDI 9 MAI À 18H / ENTRÉE LIBRE

 

Deuxième programme : société, sécularisation et interrogations sur le religieux

Un cycle de conférences proposé par l’Institut du Pluralisme Religieux
et de l’Athéisme (IPRA) et le lieu unique

« S’il y a des autels, il y a des dieux ; or il y a des autels, donc il y a des dieux. » Le propos tenu par le sophiste Timoclès dans Zeus tragédien de Lucien de Samosate est susceptible de nourrir les débats de notre société. Mais les spécialistes des sciences humaines et sociales ne s’intéressent pas tant aux Dieux ou à Dieu qu’à celles et ceux qui construisent des « autels » ou des « niches » vers lesquels elles/ils s’inclinent pour adorer et, simultanément, emplir de leur vie ce qui accompagne leur geste intérieur et extérieur.
Comment définir le « religieux » ? Quatre termes peuvent être proposés : un acte de foi initial et partagé ; une communauté qui le porte et le transmet ; un corpus de référence ; des paroles et des gestes qui y sont associés de manière spécifique. Quand, par ses institutions et par la voix de ses autorités, la religion est omniprésente, la détermination première paraît évidente. En contexte de sécularisation, elle l’est beaucoup moins : Qu’est-ce qui pousse à partager ou à combattre, donner ou échanger, jouer ou discuter ? Le libéralisme peut-il être apparenté à une doctrine religieuse et le football à une pratique religieuse ? Aimer ou tuer au nom de Dieu suffit-il à fixer une causalité ?

La synagogue, une affaire d’hommes ?
Discussion entre Béatrice de Gasquet et Vincent Vilmain
Dans le judaïsme orthodoxe, la religion juive peut sembler être une affaire d’hommes ; de nombreux commandements ne s’appliquent pas aux femmes dont celui d’étude de la Torah. L’essentiel du rôle féminin consiste en la procréation et l’entretien d’un cadre propice au respect, par l’homme, des mitsvot (commandements religieux). À la synagogue, la règle qui prévaut est celle de la séparation des sexes. Pourtant, la mixité est progressivement devenue la règle dans les synagogues réformées et « conservatives » (massorties), issues des courants non orthodoxes du judaïsme apparus au XIXe siècle, et de nombreuses femmes, dans plusieurs pays, ont reçu la semikhah (ordination au rabbinat). Le judaïsme orthodoxe a également connu des changements concernant le genre, même si l’expression d’un féminisme religieux y reste difficile.

Béatrice de Gasquet est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris-Diderot. Sa thèse de sociologie, soutenue en juin 2011 à l’EHESS, portait sur les questions de genre dans le judaïsme français contemporain.
Vincent Vilmain est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université du Maine et membre de l’IPRA. Il publie en 2017 Féministes et nationalistes ? Les femmes juives dans le sionisme politique (1897-1921) (H. Champion, coll. « bibliothèque des études juives »).

— MARDI 17 JANVIER À 20H30 / ENTRÉE LIBRE

En partenariat avec l’Espace Simone de Beauvoir

 

Début de vie, fin de vie :
éthiques athées et éthiques confessionnelles
Table ronde avec Ghaleb Bencheikh, Gérard Dabouis, Véronique Margron, Corinne van Oost, modérée par Guillaume Durand

À partir de quand peut-on être reconnu comme un être humain et une personne ? Quel est le statut moral d’un fœtus et d’un embryon et par conséquent avons-nous des devoirs vis-à-vis d’eux ? Mais aussi, a-t-on le droit de se donner la mort ou de demander de l’aide pour mourir ? Selon que nous soyons athées, musulmans, chrétiens, agnostiques, bouddhistes ou que nous portions d’autres convictions encore, nos représentations et nos valeurs peuvent être différentes. Mais nous partageons aussi des valeurs communes. Quelles sont les différentes approches qui composent aujourd’hui notre société face à ces questions cruciales (la vie, la mort, la liberté humaine) ?

Ghaleb Bencheikh est islamologue, animateur des émissions Cultures d’islam sur France Culture et Islam sur France 2.
Gérard Dabouis est professeur émérite de la Faculté de médecine, ancien chef de service d’oncologie médicale – soins de support – soins palliatifs du CHU de Nantes, membre de la consultation d’éthique clinique du Pôle hospitalier mutualiste Jules Verne, chercheur résident à la MSH Ange Guépin.
Véronique Margron est théologienne, enseignante en éthique, religieuse dominicaine. Elle fut doyen de la Faculté de théologie de l’Université catholique de l’ouest à Angers de 2004 à 2010. Elle est l’auteur, notamment, de Fragiles existences : orienter sa vie (Bayard, 2010) ; Homme, femme, quelle différence ? (avec Eric Fassin, Salvator, 2011) ; Cinq Éloges de l’épreuve (avec Sylvie Germain, Albin Michel, 2014), Solitudes nuit et jour (Bayard, 2014).
Corinne Van Oost, diplômée en médecine générale à Strasbourg, découvre les soins palliatifs en accompagnant une de ses tantes, et travaille pendant 4 ans à la Maison Médicale J. Garnier, centre réputé à Paris. Suite à un déménagement familial, elle arrive en Belgique et devient le médecin de l’équipe locale de soins palliatifs à domicile. Elle y est depuis 20 ans ! Elle exerce aussi depuis longtemps comme médecin dans un service de soins palliatifs dans une clinique régionale qui choisit de s’ouvrir à la demande d’euthanasie lorsque la loi le permet. Dans ce cadre, elle a accepté de témoigner de son vécu dans un livre intitulé : Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie (Presses de la Renaissance, 2014).
Guillaume Durand est maître de conférences en philosophie à l’Université de Nantes, membre des consultations d’éthique clinique du CHU de Nantes et du Pôle hospitalier mutualiste Jules Verne.

— JEUDI 9 MARS À 18H30 / ENTRÉE LIBRE
En partenariat avec l’association EthicA

 

 

Troisième programme : philosophie politique

 

Rencontre avec Florent Guénard à propos de son ouvrage
La démocratie universelle – Philosophie d’un modèle politique
(Seuil, La couleur des idées, 2016)
animée par Jean-Michel Vienne

Comment en est-on venu à considérer que la démocratie pouvait être exportable ? Qu’il suffisait de renverser un régime autoritaire pour que la démocratie s’installe, voire, comme en Irak en 2003, d’envahir un pays pour le libérer ? En quel sens peut-on dire que la démocratie est le « modèle » de régime qui correspond le mieux à certaines aspirations fondamentales de l’humanité ? Voici quelques-unes des questions soulevées par Florent Guénard qui dégagera les différentes façons d’appréhender ce qu’est un modèle politique.

Florent Guénard est philosophe, maître de conférences à l’Université de Nantes, directeur de la rédaction du site laviedesidees.fr. Il est notamment l’auteur de Rousseau et le travail de la
convenance
(H. Champion, 2004).
Jean-Michel Vienne est professeur honoraire de philosophie à l’Université de Nantes, auteur de travaux et de traductions sur la pensée britannique classique, intervenant et animateur de diverses associations nantaises.

— MARDI 24 JANVIER À 18H30 / ENTRÉE LIBRE
En partenariat avec la Librairie Vent d’Ouest et Philosophia

 

Quatrième programme : géopolitique

 

La France est-elle encore une grande puissance ?
Conférence de Pascal Boniface, à l’occasion de la parution de son ouvrage
Le monde et la France. Je t’aimais bien tu sais (Max Milo, janvier 2016)

Pendant la guerre froide, la France, grâce à sa politique étrangère indépendante, pesait plus que son poids réel. Le clivage Est/Ouest a disparu et, depuis, le monde occidental a perdu le monopole de la puissance qu’il a exercée durant cinq siècles. Dans ce contexte, que pèse la France sur la scène internationale ? Quelles sont ses marges de manœuvre ? Le terrorisme est-il une menace existentielle et notre réponse est-elle adaptée ? Nos débats de politiques internes ont-ils eu un impact sur notre rayonnement international ? Si oui, lequel ? Autant de questions qui se posent au moment où la France va se choisir un nouveau président de la République.

Pascal Boniface est directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) et enseignant à l’Institut d’Études européennes de l’Université Paris 8. Il dirige La Revue internationale et stratégique et L’Année stratégique et il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages sur le thème des relations internationales, des questions nucléaires et de désarmement, des rapports de force entre les puissances, de la politique étrangère française, de l’impact du sport dans les relations internationales, du conflit du Proche-Orient et de ses répercussions en France. Il est aussi éditorialiste pour les quotidiens La Croix (France), La Vanguardia (Espagne) et Al Ittihad (Émirats arabes unis). Parmi ses derniers ouvrages : Le grand livre de la géopolitique (Eyrolles, 2014) ; Comprendre le monde – 3e édition (Armand Colin, 2015) ; Le monde et la France. Je t’aimais bien tu sais (Max Milo, 2016). Pascal Boniface et l’IRIS organisent chaque année en octobre, avec le lieu unique, Les Géopolitiques de Nantes.

— MERCREDI 8 FÉVRIER À 18H30 / ENTRÉE LIBRE

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