Pascal Dusapin

• Concert de clôture de résidence
Pascal Dusapin, invité de l’Orchestre national des Pays de la Loire pendant deux ans, est considéré comme l’un des compositeurs les plus importants de la musique d’aujourd’hui. Il donne au lieu unique son concert de clôture de résidence avec quatre pièces révélatrices de son œuvre immense.
Élève de Messiaen, Xenakis et Franco Donatoni avant d’être pensionnaire de la Villa Médicis, Pascal Dusapin est professeur au Collège de France.
Constituée de pièces pour solistes ou pour grands orchestres et d’opéras, son oeuvre a été récompensée à de nombreuses reprises et a fait l’objet de commandes prestigieuses.
Placé sous la direction de son nouveau chef, Pascal Rophé, l’ONPL a donné en mars 2015 à la Philharmonie de Paris, en création française, Wenn du dem Wind de Pascal Dusapin.
Pour ce programme nantais, l’orchestre s’associe à Karen Vourc’h, soprano française au timbre mordoré, pour rejouer Wenn du dem Wind.
Composé de trois scènes extraites de l’opéra Penthesilea de Pascal Dusapin, l’histoire met en scène la reine des Amazones, Penthésilée, qui règne sur un monde sans hommes.
Cette première partie de soirée pour soprano et orchestre est suivie de Go, Extenso et Apex, qui font partie d’un cycle de sept pièces que Pascal Dusapin a nommé « solos pour orchestre », oxymore astucieux qui donne à percevoir la vision qu’il a de l’orchestre. Soit un corps musical unique, une entité à qui il s’adresse les yeux dans les yeux.
Jeudi 21 avril
autour du concert, de 18h30 à 20h (entrée libre)
Les étudiants des conservatoires de Nantes et d’Angers, du Pont Supérieur et de l’École Supérieure des Beaux-Arts d’Angers présenteront, en présence de Pascal Dusapin, des pièces musicales et des installations sonores et visuelles. Ces œuvres ont été travaillées en présence du compositeur et créées au fil de leurs rencontres avec lui durant les deux saisons de sa résidence aux côtés de l’ONPL.
concert à 20h30
Programme sous la direction de Pascal Rophé
Wenn du dem wind – pour soprano et orchestre ( soprano : Karen Vourc’h )
Go, Extenso, Appex – trois solos pour orchestre
En coréalisation avec l’ONPL
interview de Pascal Dusapin
Ce concert marque la fin d’une résidence à l’Orchestre national des Pays de la Loire. Quel en était l’objet ?
Cette résidence s’inscrit dans mon compagnonnage de longue date avec le directeur de l’orchestre, Pascal Rophé. Nous avons d’une part programmé certaines de mes pièces pendant deux ans, pour amener ma musique au sein de concerts plus traditionnels. D’autre part, j’ai cherché à créer des synergies différentes, en tissant des liens avec l’école des Beaux-Arts, des conservatoires, l’école d’architecture… Des lieux que l’on n’a pas vraiment l’habitude d’associer à un orchestre symphonique. Ma résidence s’est un peu étendue au Lieu unique, qui s’est intéressé à mon travail et est associé à la coproduction d’une installation [Mille Plateaux, présentée du 14 janvier au 7 février] montrée l’an dernier au festival de Donaueschingen, en Allemagne. Je me réjouis de ce concert. Il sera très particulier parce qu’il associe des personnes et des pièces différentes, ce qui ne serait pas possible dans une institution symphonique habituelle.
Quels morceaux composent ce concert ?
Dans la pièce Wenn du dem Wind, on retrouve des parties de l’opéra Penthesilea, créé en mars dernier, mais elles sont retissées de façon inédite. Composer une suite d’opéra est un travail très particulière, c’est une création en soi, à partir de passages significatifs. Ce que chante la soprano cumule trois rôles de l’opéra (Penthesilée, Prothoe et la grande prêtresse). La deuxième partie du concert rassemble des solos pour orchestre qui font partie de mon cycle des « sept formes ». Ces sept pièces pour orchestre, composées entre 1991 et 2009, peuvent être jouées ensemble (elles créent alors une longue symphonie d’une heure et demie) ou indépendamment. Pascal Rophé, qui a dirigé le cycle plusieurs fois, en a choisi trois.
Pourquoi cette image surprenante de « solo pour orchestre » ?
C’est une métaphore poétique. Je voulais que l’orchestre soit considéré comme une seule personne, comme un soliste. C’est un hommage, au fond, à sa virtuosité.
L’installation Mille Plateaux est-elle liée au concert ?
Pas directement, mais il y a une sorte d’invariante. Je suis très intéressé par les arts plastiques, c’est un peu ma deuxième vie. J’ai voulu exprimer au travers de cette installation quelque chose qui relève de questions issues de la musique. Par exemple, la musique est un art immersif, on est totalement capté par la sensation musicale. De même, cette installation est une pièce dans laquelle on entre physiquement. J’ai aussi voulu créer un dessin en mouvement, qui agirait sur le corps comme le fait la musique. Le son lui-même est une sculpture de vents, élément qui a été une de mes premières inspirations musicales. La musique est concrète, ce sont des vrais enregistrements de vents, il y en a des centaines qui viennent de pays différents. Cela crée une sorte de maelström, on parvient à les différencier si on les écoute attentivement.
Propos recueillis par Pascaline Vallée