France, 2012 : état des lieux

À cette période charnière entre la fin d’un quinquennat et le début d’un nouveau mandat, comment se porte la France ?
Après cinq années de présidence de Nicolas Sarkozy et une crise financière qui se prolonge, où en sommes-nous ? La France est-elle plus forte ou affaiblie, plus unie ou plus divisée ? Quelles évolutions, quels droits dans la société de demain ?
Vies au travail et vies sans travail, place des femmes, rapports entre médias et politique, immigration
et diversité : telles sont quelques-unes des questions que des philosophes, des historiens, des chercheurs se poseront avec nous.
L’IVG, quelles libertés pour demain ?
Table ronde Marie Gaille, Philippe David, Michelle Meunier, Denis Berthiau
animée par Thierry Guidet.
Depuis 1975, les femmes ont acquis le droit d’interrompre leur grossesse.
En pratique, le regroupement des maternités, la fermeture des centres IVG, la mauvaise application de la loi 2001 rendent de plus en plus difficile l’accès à ce droit. Les raisons d’une telle dégradation sont-elles morales, idéologiques, politiques ou encore économiques ? L’IVG restera-t-elle encore longtemps une « liberté » ?
Thierry Guidet est journaliste et directeur de la revue Place publique.
Marie Gaille est philosophe, chercheuse au CNRS, membre du Centre de Recherche Sens, Éthique, Société. Elle a publié notamment : Textes clés de philosophie de la médecine Vol. I : Frontière, savoir, clinique (Vrin, 2011) ; Le désir d’enfant (PUF, 2011) ; La valeur de la vie (Les Belles Lettres, 2010).
Philippe David est gynécologue obstétricien, chef de service de la Maison de la Naissance à la Clinique Jules Verne de Nantes, membre de la Consultation d’Éthique Clinique du CHU de Nantes.
Michelle Meunier est sénatrice de la Loire- Atlantique depuis septembre 2011, membre de la Commission des affaires sociales et de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle a été adjointe au maire de Nantes de 1989 à 2011.
Denis Berthiau est maître de conférences à l’Université Paris Descartes, membre du Centre de Recherche Sens, Éthique, Société, membre de la Consultation d’Éthique Clinique du CHU de Nantes. Il a publié notamment Droit de la santé (éd. Gualino, 2007) ; « interruption de grossesse », in Droit de la santé (encyclopédie Lamy, 2012).
En partenariat avec la Consultation d’Éthique Clinique du CHU de Nantes.
— mardi 13 novembre 2012 à 20h30
— entrée libre
La table ronde est précédée à 18h30 d’une petite forme théâtrale d’après L’événement d’Annie Ernaux (Gallimard, 2000).
ANNULÉELes journalistes sont-ils dépendants du pouvoir ?
Conférence par Christian Delporte, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles Saint- Quentin-en-Yvelines et directeur du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines. Ses recherches portent notamment sur l’histoire culturelle et politique du XXe siècle et sur l’histoire des médias et du journalisme. Il est aussi directeur de la revue Le Temps des médias. Parmi ses ouvrages : La France dans les yeux : une histoire de la communication politique de 1930 à aujourd’hui (2007), Une histoire de la langue de bois (2011), Les grands débats politiques. Ces émissions qui ont fait l’opinion (2012) tous édités chez Flammarion.
— cette conférence prévue Mardi 20 novembre 2012 à 18h30 est annulée
— entrée libre
À l’ombre de la République
Projection du documentaire de Stéphane Mercurio (Fr, 2012, 1h40) suivie d’une discussion avec la réalisatrice et Dominique Legrand, Contrôleur des lieux de privation de liberté, animée par Vincent Braud, journaliste.
Pour la première fois, après trois ans d’existence, le CGLPL (Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté) accepte qu’une équipe de tournage le suive dans son travail, minutieux, essentiel, de contrôle des droits fondamentaux dans les prisons, hôpitaux psychiatriques, commissariats…
Stéphane Mercurio a suivi une quinzaine de contrôleurs. Leurs lieux de mission : la maison d’arrêt de femmes de Versailles, l’hôpital psychiatrique d’Evreux, la Centrale de l’Ile de Ré et enfin la toute nouvelle prison de Bourgen-Bresse.
Pendant ces quelques semaines d’immersion à leurs côtés au coeur des quartiers disciplinaires, dans les cours de promenade des prisons ou dans le secret des chambres d’isolement, un voile se lève sur l’enfermement et la réalité des droits fondamentaux en ces lieux.
Stéphane Mercurio a écrit et réalisé plusieurs documentaires pour la télévision. Pour le cinéma, elle réalise notamment À côté, un documentaire consacré aux mères et aux femmes de détenus, qui restent souvent le dernier soutien des hommes privés de liberté.
Elle dresse ensuite le portrait de Siné dans Mourir ? Plutôt crever !, en 2010, qui relate aussi bien la vie intime de l’homme que l’affaire Siné.
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) est une autorité administrative indépendante créée par la loi du 30 octobre 2007 qui a commencé son activité le 13 juin 2008, date à laquelle Jean-Marie Delarue a été nommé.
Le CGLPL rassemble aujourd’hui une équipe d’une trentaine de contrôleurs venus d’horizons professionnels très variés (médecins, magistrat, psychanalyste…)
Dominique Legrand est magistrat.
Dans le cadre des 19e Journées Nationales de la Prison organisées à Nantes par le collectif Prison 44
et dans le cadre du Mois du Film documentaire.
— Mardi 27 novembre 2012 à 18h30
— entrée libre
Le Déménagement
Projection du documentaire de Catherine Rechard (Fr, 2012, 54’) en présence de Franck Delaunay, le producteur.
En partenariat avec le Katorza.
À Rennes, comme dans beaucoup d’autres villes françaises, et notamment Nantes en juin 2012, la Maison d’arrêt construite au début du 20e siècle déserte le centre ville au profit d’un Centre Pénitentiaire de 690 places construit en périphérie.
Alors que le déménagement approche, les personnes détenues et les personnels ont une seule et même question : que sera la vie dans cette nouvelle prison ?
L’augmentation de la capacité d’accueil, la construction à la périphérie, l’équipement en outils sophistiqués de surveillance, l’agencement de l’espace… sont autant de choix qui relèvent de la politique pénitentiaire, laquelle n’est que le reflet de notre société.
Dans le cadre des 19e Journées Nationales de la Prison organisées à Nantes par le collectif Prison 44.
— Mercredi 28 novembre 2012 à 20h15 au Cinéma Kator za
— Tarif : 6 €
Table ronde : « Prisons : ce n’est pas la peine d’en rajouter – Pour la réduction du recours à la prison et la promotion des peines de remplacement qui font sens »
Animée par Pascal Massiot, rédacteur en chef de la radio Jet FM
Nous tenterons de développer les différentes formes d’alternatives à l’incarcération, les pratiques et les réalités pour les personnes qui les vivent (personnes placées sous mains de Justice, famille, professionnels…).
Nous évoquerons les mesures alternatives aux poursuites (rappel à la Loi, médiation pénale…), les alternatives à la peine de prison (semiliberté, placement sous surveillance électronique, libération conditionnelle…).
Virginie Gautron est maître de conférences à l’université de Nantes – UFR Droit et Sciences politiques, où elle enseigne la criminologie, la politique criminelle et la pénologie. Ses thèmes de recherche portent sur les politiques pénales, les politiques de prévention de la délinquance, les politiques locales de sécurité, le droit pénal et les sciences criminelles.
Martine Lebrun est Juge d’application des peines (JAP) au Tribunal de Grande Instance de Laval et présidente de l’Association nationale des Juges d’application des peines. Le JAP est chargé de suivre la vie des condamnés à l’intérieur et l’extérieur des prisons. Il est compétent pour prononcer des mesures d’aménagement des peines (semiliberté, libération conditionnelle…). En milieu ouvert, il est chargé de suivre et de contrôler le condamné dans l’exécution de sa peine (mise à l’épreuve, travail d’intérêt général ou suivi socio-judiciaire…).
Philippe Combessie est sociologue, professeur à l’université de Paris Ouest – Nanterre La Défense, dirige le Lasco, laboratoire d’analyses socio anthropologiques du contemporain. Ses domaines de recherche sont entre autres les constructions sociales du crime, la sociologie de la prison. Parmi ses principaux ouvrages, on peut citer Prisons des villes et des campagnes. Études d’écologie sociale (L’Atelier – Éditions Ouvrières, 1996), Sociologie de la prison (La Découverte, coll. Repères, 3e éd. 2009).
Dans le cadre des 19e Journées Nationales de la Prison organisées à Nantes par le collectif Prison 44.
— Jeudi 29 novembre 2012 à 20h
— entrée libre
La France de 2012 face au défi de l’immigration et de la diversité
Conférence par Yvan Gastaut
On traitera ici de la manière dont la question de l’immigration se place au coeur de notre actualité. Après avoir pris acte de la continuité de la passion pour l’immigration depuis le début des années quatre-vingts, il s’agira d’analyser la manière dont le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été marqué par cette question dans différentes dimensions. Ensuite, le propos s’orientera vers une analyse de l’impact de l’immigration dans les deux campagnes électorales (présidentielles et législatives) que la France a connues en 2012, avant de finir par évoquer les premières orientations données par la gauche au pouvoir, sur ce sujet.
Yvan Gastaut est historien de l’époque contemporaine, maître de conférences à l’université de Nice Sophia-Antipolis, membre du laboratoire URMIS/CNRS (Paris VII/Nice), spécialiste des questions migratoires. Il est aussi membre du Conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration et de Génériques, association spécialisée dans l’histoire et la mémoire de l’immigration en France.
Cette conférence constitue en quelque sorte le 2e volet de l’intervention qu’avait faite Yvan Gastaut la saison dernière sur L’histoire des immigrations en France aux XIXe et XXe siècles.
— Jeudi 13 décembre 2012 à 18h30
— entrée libre
Le travail est-il devenu précaire ?
Conférence par Guillaume Le Blanc
Depuis la fin du plein emploi, le travail n’a cessé de se précariser. D’une part parce qu’il se raréfie, d’autre part parce qu’il devient plus incertain. Deux catégories de précaires ont ainsi émergé et n’ont cessé de se développer, ceux qui n’ont pas de travail et tous ceux qui en ont un mais ne sont pas certains de le garder ou ne parviennent plus à vivre décemment grâce à lui (les travailleurs pauvres). Cette démultiplication de la précarité bouleverse les repères politiques tout autant que la manière d’appréhender la question sociale en termes d’exploitation économique. Elle réclame une nouvelle philosophie sociale ainsi qu’un diagnostic des années chômage dans lesquelles nous sommes maintenant depuis presque 40 ans. Il s’agira plus particulièrement d’examiner dans ce cadre comment la valeur-travail comprise par Nicolas Sarkozy comme le remède à un grand nombre de nos maux (« travaillez plus pour gagner plus ») a fini par être contaminée par la précarité qu’elle était censée combattre.
Guillaume Le Blanc est professeur de philosophie à l’université de Bordeaux III, auteur notamment de Dedans dehors : la condition d’étranger (Éd. Seuil, 2010). Il a également dirigé avec Fabienne Brugère le Dictionnaire politique à l’usage des gouvernés (Éd. Bayard, 2012), et vient de publier Courir. Méditations physiques (Éd. Flammarion, 2012).
— Mardi 18 décembre 2012 à 18h30
— entrée libre
NOUVELLE DATEQu’est-ce qu’être féministe aujourd’hui ?
conférence par Fabienne Brugère
Les féministes ont proclamé le droit des femmes à être des hommes comme les autres au nom d’une condition humaine universelle. Elles ont ensuite affirmé que le privé est politique pour inclure dans leurs revendications politiques la sexualité, le travail domestique et de soin, la maîtrise de leur corps. On peut dire qu’aujourd’hui elles rejoignent d’autres mouvements sociaux pour critiquer le néolibéralisme, revendiquer plus de démocratie et déployer un pouvoir d’agir des vulnérables. Peut-on dire alors qu’être féministe, c’est revendiquer une égalité réelle qui suppose un bouleversement des constructions de genre et une vraie participation de tous les individus à la vie publique ? Les féministes ne sont pas nécessairement des femmes ; ce sont des démocrates !).
Fabienne Brugère est professeure de philosophie à l’université Bordeaux III, auteure notamment de Le sexe de la sollicitude (Éd. Seuil, 2008). Elle a également dirigé avec Guillaume Le Blanc le Dictionnaire politique à l’usage des gouvernés (Éd. Bayard, 2012).
— initialement prévue mardi 4 décembre à 18h30, la conférence est reportée au jeudi 24 janvier 2013 à 18h30.
— entrée libre
L’école doit-elle transmettre des valeurs ?
Conférence de Ruwen Ogien présentée par Joël Gaubert
Tous les projets de ramener l’instruction morale à l’école ont confondu la question du juste et celle du bien. La première concerne nos rapports aux autres : dans quelle mesure sommes-nous respectueux, équitables, etc. ? La seconde est celle de savoir ce qu’on va faire de soi-même : du style de vie qu’on veut mener, du genre de personne qu’on doit être, des ingrédients de la vie « bonne » ou « heureuse ».
Faut-il être un épargnant raisonnable ou un flambeur ? Un lève-tôt qui essaie d’en faire le plus possible, ou un lève-tard qui essaie d’en faire le moins possible ?
Le moralisme consiste à privilégier une de ces visions du bien personnel, et tout programme scolaire qui prétend imposer aux élèves une certaine vision de ce bien personnel au détriment des autres est moraliste.
Le projet minimaliste essaie, dans la mesure du possible, d’éviter d’importer le moralisme à l’école.
Il repose sur les principes suivants.
Dans l’école démocratique, laïque et pluraliste, il est légitime d’instaurer une instruction civique, dont l’objectif est d’enseigner aux élèves le fonctionnement des institutions politiques, et de les rendre sensibles aux normes du juste, c’est-à-dire, entre autres, de la coexistence entre personnes dont les conceptions du monde sont divergentes.
Mais la légitimité d’une éducation morale obligatoire, dont l’ambition serait d’engager les élèves dans la vie « bonne » ou « heureuse », ou de leur transmettre une certaine vision du bien, ou des « valeurs » serait aussi contestable qu’un programme d’enseignement d’une religion particulière.
Ruwen Ogien est philosophe, directeur de recherches au CNRS, membre du Centre de recherche Sens, Éthique, Société.
Il a publié notamment La panique morale (Grasset, 2004) ; L’éthique aujourd’hui : maximalistes et minimalistes (Gallimard, 2007) ; La vie, la mort, l’État. Le débat bioéthique (Grasset, coll. Mondes vécus, 2009) ; Le corps et l’argent (La Musardine, 2010) ; L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale (Grasset, 2011).
Joël Gaubert est professeur honoraire agrégé de philosophie en classes préparatoires littéraires au Lycée Clemenceau de Nantes.
En partenariat avec Philosophia, l’université de Nantes, l’IUFM des Pays de la Loire, le CREN et le CAPHI
— Mardi 19 mars 2013 à 20h30
— entrée libre